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US – Biodiversité : un nouveau rapport publié par « les hommes du Président »

5 janvier 2012

John Holdren, directeur du Bureau pour la Politique Scientifique et Technique de la Maison Blanche (OSTP), présentait au Heinz Center le 28 octobre 2011 un rapport sur l’état de la biodiversité et des écosystèmes aux Etats-Unis, paru en juillet dernier [2].

Réalisé par le Groupe des Conseillers Scientifiques du Président (PCAST) dont Holdren est co-président et intitulé « Conserver le capital environnemental : protéger la société et l’économie », le rapport consiste en une mise à jour d’un rapport de référence paru en 1998 sous la présidence de Bill Clinton [3]. Alors que ce premier rapport établissait un état des lieux du « capital naturel » des Etats-Unis – soit la biodiversité et les divers services rendus par les écosystèmes – et appelait à mieux comprendre et à investir dans ce domaine, le nouveau document se consacre à explorer les solutions permettant de ralentir les dégradations constatées depuis le dernier bilan et à souligner les bénéfices économiques que l’on peut tirer du capital naturel.

John Holdren rappelle que les écosystèmes naturels et la biodiversité apportent des services aussi divers qu’essentiels à la collectivité, qui vont de la pollinisation des cultures au maintien de la fertilité des sols, en passant par la maîtrise des espèces nuisibles ou le maintien de la qualité de l’eau [4].

« La biodiversité rend des services d’une valeur inestimable » résume-t’il. Cependant, les écosystèmes sont soumis à des menaces liées directement ou non à l’action de l’homme, notamment la destruction d’habitats et la surexploitation des espèces. Holdren ajoute que le changement climatique, nouveau venu sur la liste de ces menaces et dont les effets ne sont pas encore pleinement compris, voit son importance croître rapidement et devrait contribuer significativement à la dégradation des écosystèmes dans les années à venir.

Afin d’enrayer cette dégradation, les gouvernements ne disposent que de deux leviers d’actions. Ils peuvent soit prendre des mesures pour décourager l’utilisation de ressources naturelles par le secteur privé et viser à rendre son développement moins dépendant de ces ressources ; soit agir directement sur les écosystèmes qui sont sous leur contrôle – comme les forêts, les parcs naturels et les lacs – en les protégeant et en restaurant leur état.

Dans cette optique, le rapport du PCAST recommande de systématiser la collecte et l’exploitation des données par les agences fédérales concernées, de mieux valoriser les services rendus par les écosystèmes et le capital naturel dans les processus de décision, d’optimiser les investissements fédéraux dans la protection de l’environnement et de renforcer l’utilisation de technologies de l’information vertes (éco-TIC) comme aide à la prise de décision.

M. Holdren a ensuite brièvement présenté les 6 recommandations majeures détaillées dans le rapport :

1. Le gouvernement fédéral devrait mettre en place et financer une Evaluation Quadriannuelle des Services des Ecosystèmes (QuEST). Cette étude devra présenter une vision d’ensemble et approfondie de l’état des écosystèmes américains. Elle devra également synthétiser les résultats scientifiques qui permettent de comprendre le fonctionnement et d’identifier les fonctions sociétales de ces écosystèmes. L’évaluation QuEST détaillera également les tendances, les pressions auxquelles sont soumis les écosystèmes, et fournira des recommandations pour les pouvoirs publics. La réalisation de cette étude devra être réalisée en étroite coopération avec celle du National Climate Assessment [5], une évaluation du changement climatique et de ses conséquences aux Etats-Unis, également réalisée tous les quatre ans.

2. A travers le Département d’Etat et l’OSTP, les Etats-Unis devrait prendre un rôle de leader dans le développement de la Plate-forme Scientifique Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services des Ecosystèmes (IPBES), initiative internationale visant à améliorer la connaissance scientifique de l’évolution de la biosphère, calquée sur le modèle du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) [6].  La contribution américaine à l’IPBES devra être coordonnée avec le travail effectué pour QuEST, et supervisée par le Conseil National pour la Science et la Technologie de la Maison Blanche (NSTC).

3. Les agences fédérales devraient réviser leurs méthodes de calcul afin de mieux prendre en compte la valeur réelle des services offerts par les écosystèmes et de l’intégrer au sein du processus de décision. En particulier, les efforts au sein de plusieurs agences dans ce domaine – l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA), le Département de l’Agriculture (USDA), et le Département de l’Intérieur (DoI) en premier lieu – doivent être poursuivis et étendus.

4. Les programmes fédéraux de protection de la biodiversité et des écosystèmes devraient être réformés afin de privilégier les meilleurs investissements environnementaux, c’est-à-dire ceux permettant d’obtenir un plus grand bénéfice environnemental pour une dépense moindre ou égale. Si un financement accru dans la protection et la restauration des écosystèmes est nécessaire, les 10 milliards de dollars (7,4 milliards d’euros) dépensés chaque année par le gouvernement fédéral dans ces activités ont le potentiel de dégager sensiblement plus de bénéfices environnementaux que le statu quo. Le Conseil pour la Qualité Environnementale de la Maison Blanche (CEQ) aidera dans cette démarche en évaluant et en identifiant les programmes concernés par cette recommandation.

5. Le gouvernement fédéral devrait identifier les domaines de recherche où le manque de données est particulièrement problématique, puis redéfinir les priorités et les financements des agences concernées pour y remédier. En particulier, l’OSTP et le CEQ devraient encourager et coordonner une coopération inter-agence dans le but de renforcer la surveillance écologique, une manière simple d’augmenter rapidement les informations disponibles sur l’évaluation et la gestion des écosystèmes.

6. Le NSTC devrait mettre en place une plate-forme informatique en libre d’accès visant à centraliser les données liées aux écosystèmes (données environnementales mais également socio-économiques et géophysiques) actuellement dispersées au sein de plusieurs agences fédérales. Cette plate-forme permettrait de faciliter le traitement et l’exploitation de l’information ainsi que l’apport de nouvelles données. Outre les gains financiers résultant de l’optimisation des coûts, cette initiative pourrait contribuer à faire émerger des normes de publication de données ainsi qu’à faciliter l’implication de la communauté scientifique, comme celle des autres parties prenantes, dans les processus de décision.

[1] « Pavan Sukhdev se fait le chantre de « l’économie verte » – Bulletins Electroniques n°266 – MARTY Gabriel – 14/11/2011 –
[2] « Sustaining Environmental Capital: Protection Society and the Economy » – President’s Council of Advisors on Science and Technology – Juillet 2011 – 145 pp. –
[3] « Teaming with Life: Investing in Science to Understand and Use America’s Living Capital » – President’s Council of Advisors on Science and Technology Panel on Biodiversity and Ecosystems – Mars 1998 – 105 pp. –
[4] Définition des Services fournis par les écosystèmes
[5] Présentation du National Climate Assessment
[6] Présentation de l’IPBES  (en français)

Source : http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/68474.htm

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