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Quand des entreprises parient et gagnent de l’argent grâce à la mort de leurs employés

12 Mai 2010

On appelle ces assurances « paysan mort » (dead peasant), « concierge mort » (dead janitors) ou encore pour ceux qui n’assument pas vraiment  « assurance vie d’entreprise »…

Le procédé est simple  : un employeur assure un de ses employés lambda (sans l’en informer) et verse une somme chaque année à un assureur. Suivant la mise de départ, le risque que la personne meure vite ou pas, suivant l’âge et le sexe, cette somme sera plus ou moins élevée. Quand l’employé meurt, l’entreprise touche une somme d’argent….une prime, pouvant varier de quelques dizaines de milliers de dollars à plus de quatre millions et demi de dollars (voire +).

C’est ainsi qu’après le 11 septembre, cela a été le jackpot pour certains employeurs installés dans le « World Trade Center ». C’est bien connu, le malheur des uns fait le bonheur d’autres…..

A la mort d’un de ses employés décédé d’une attaque cardiaque en 1998, Wal Mart (1er employeur aux Etats-Unis à l’époque) a touché 64.000 $.  Rien qu’en Floride, 132 employés « assurés » de Wal Mart sont décédés jusqu’à présent. A cette époque, Wal Mart proposait 5.000$ (une partie de la somme touchée au décès de l’employé) aux employés qui acceptaient de participer à un ‘plan santé’ dans lequel il s’agissait de faire prendre une assurance à un maximum d’employés pour qu’une partie des gains retombe sur toute l’entreprise. Ca, c’était le discours. En réalité, Wal Mart s’en mettait 95% dans les poches et se gardait bien de préciser combien il comptait gagner avec ces assurances. Et puis en 1998, il n’a même plus été question de ces 5.000$.

Cette année-là, d’anciens employés de Camelot Music , dont certains travaillaient à temps partiel, ont appris qu’ils avaient été assurés pour des sommes allant de 273.000 à 368.000 $ par tête, et au total 1.400 employés, parmi lesquels tous ceux qui travaillaient à plein temps, étaient concernés.  Certains étaient passés très brièvement chez ce disquaire.  L’un d’eux est décédé de complications liées au SIDA à 29 ans, en 1992, et CM Holdings, la société mère de Camelot Music, a touché 339 302$ alors qu’il ne travaillait plus là. 168.875 $ ont servi à rémunérer les dirigeants de la boîte.

La famille d’une autre employée décédée à 62 ans d’une maladie grave et longue, a perçu 21.000 $ d’une assurance vie contractée par CM Holdings après sa mort (alors que la famille a pleuré pour que CM Holdings leur donner 5.000$ afin d’acheter un fauteuil roulant lorsqu’elle était encore vivante, ce qui a été refusé), mais la boîte a touché 180.000 $. Un peu comme le patron assure sa maison ou sa voiture (auxquels il tient en principe), il assure sa main d’œuvre (qu’il peut remplacer facilement et qu’il ne possède pas en principe).

Fin 2001, Hartford Life, un des principaux pourvoyeurs de ces assurances, avait contracté avec ses différents clients pour 4,3 milliards de dollars d’assurances « paysan mort », ce qui lui a valu 37 millions de dollars sur son milliard de bénéfice en 2001. La Cour des Comptes US a calculé en 2004 que les banques et entreprises US détenaient pour 56 milliards de dollars de ces assurances « paysan mort » en 2002, et qu’elles en ont tiré un modeste bénéfice de 2,2 milliards de dollars cette année-là.

Nestlé, Proter et Gamble, Dow Chemicals ou Wal-Mart, autant de multinationales qui souscrivent à ces contrats… et qui dans le même temps diffusent des messages du genre: « Nous pensons que la véritable épreuve pour l’entreprise est de créer de la valeur pour la société sur du long terme » ou encore « Vivre, apprendre et grandir » … un brin de cynisme

et que dire sur les compagnies d’assurance qui développent ce  type de produits… ?

A défaut de pratiques éthiques, toutes ces entreprises versent dans le pathétique et le pathologique. Au nom d’un capitalisme décompléxé, leur morale s’exprime par une pulsion de mort……

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